Le Sénégal se prépare pour des élections législatives anticipées le 17 novembre 2024, un scrutin crucial pour l’avenir politique du pays. Au cœur de cette élection, Ousmane Sonko, ancien maire et leader du parti PASTEF (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), représente une figure centrale de l’opposition. Sa candidature, récemment validée par le Conseil constitutionnel, relance les débats sur la justice, la démocratie et l’avenir politique du Sénégal dans un contexte particulièrement tendu.
Un retour politique sous surveillance
Ousmane Sonko, figure charismatique et controversée, a traversé des moments judiciaires difficiles qui l’ont temporairement éloigné de la scène politique. En 2023, il avait été condamné dans une affaire de diffamation, le rendant théoriquement inéligible. Néanmoins, une amnistie en septembre 2024, peu avant l’élection présidentielle, a permis son retour en politique. Aujourd’hui, malgré les récents recours juridiques de ses adversaires, le Conseil constitutionnel a confirmé sa participation aux législatives, jugeant qu’aucune condamnation actuelle ne saurait bloquer sa candidature .
Pour beaucoup, la validation de sa candidature marque une victoire politique, bien qu’elle repose sur une base incertaine. Sonko prend ainsi un pari risqué, misant sur un scrutin qui pourrait renforcer ou affaiblir sa position. Cette campagne, à la fois politique et judiciaire, témoigne des luttes d’influence entre les différents camps.
Des tensions politiques exacerbées
Les législatives de novembre surviennent dans un climat politique particulièrement polarisé, marqué par la dissolution de l’Assemblée nationale en septembre par le président Bassirou Diomaye Faye. Ce contexte tendu place les partis d’opposition, y compris PASTEF, dans une position stratégique mais fragile. La coalition Takku Wallu, dirigée par l’ancien président Macky Sall, a ouvertement critiqué la présence de Sonko, qu’elle considère comme une menace pour la stabilité politique. Ces tensions ont déjà donné lieu à des affrontements verbaux et juridiques, rendant la campagne difficile pour l’opposition .
Un pari risqué pour Ousmane Sonko
Sonko voit dans ces élections l’opportunité de renforcer sa base électorale et d’obtenir une majorité parlementaire pour contrebalancer le pouvoir présidentiel. Cependant, cette stratégie comporte des risques majeurs. Son retour en politique reste controversé, et son passé judiciaire pourrait être utilisé comme un levier pour le discréditer. Par ailleurs, l’opposition fragmentée risque de diviser les voix, affaiblissant ainsi ses chances de succès.
Pour Sonko, l’enjeu est de taille : une victoire offrirait à son parti une plateforme de pouvoir, mais un échec affaiblirait considérablement son influence et pourrait remettre en question la stabilité de PASTEF. En ce sens, son choix de participer malgré les nombreux défis juridiques et politiques constitue un pari audacieux, qui pourrait redessiner le paysage politique sénégalais .
L’impact sur le Sénégal
Cette élection pourrait également marquer un tournant pour le Sénégal. Si Sonko parvient à mobiliser son électorat et à surmonter les obstacles juridiques, il pourrait symboliser un renouveau pour une opposition qui réclame plus de transparence et de justice. À l’inverse, si le camp présidentiel conserve une majorité parlementaire, cela pourrait confirmer le pouvoir du président Faye et rendre plus difficile toute contestation de l’autorité en place.
Le pari d’Ousmane Sonko aux législatives du 17 novembre est ainsi bien plus qu’une simple bataille électorale. C’est un test pour la démocratie sénégalaise, les institutions judiciaires et l’équilibre des pouvoirs dans un pays en quête de stabilité.
Moustapha NDIAYE
Journaliste pour les droits humains